Silence ! Moteur ! Action !
Zoom sur le Studio 43
Le Studio 43 , cinéma Arts et Essais de Dunkerque collabore depuis de nombreuses années avec les 4Ecluses. Pourquoi le rapprochement entre Cinéma et Musiques Actuelles est-il si évident ? Rencontre avec Marion Mongour, chargée du Développement des Publics...
Marion, peux-tu te présenter et expliquer ton rôle au Studio 43 ?
Dunkerquoise d’adoption, je travaille au Studio 43 depuis maintenant 7 ans en tant que chargée des publics. Un « gros mot » qui rassemble des tâches de communication pure (suivi des documents de communication, relations presse…) et aussi une partie des relations publiques (associations, collèges et lycées, maisons de quartier…). Ce qui fait que j’ai très vite été rattrapée par le syndrome que connaissent bien tous les Dunkerquois : le dimanche sur la digue, on ne peut pas faire 50 mètres sans dire bonjour à quelqu’un qu’on connaît. Et à mon arrivée dans les parages, c’était quelque chose de tout à fait nouveau pour moi, banlieusarde anonyme du 93…
Comment s'est opéré le rapprochement entre nos deux structures ?
Tout d’abord, il y a le contexte culturel dunkerquois, très riche, et avec une forte volonté de travail en réseau. C’est une des grandes forces de notre territoire (et qui, hélas, ne se retrouve pas partout ailleurs) : ici, on a compris depuis longtemps qu’ensemble, on était plus fort ! Cet état d’esprit rend les échanges et les partenariats entre structures culturelles faciles et enthousiasmants. Ensuite, je pense qu’il y a aussi une forte affinité de l’équipe des 4Ecluses pour le cinéma, et de l’équipe du Studio 43 pour les musiques actuelles. Même si on ne sort pas autant qu’on le voudrait, nous fréquentons mutuellement nos lieux culturels. Et puis, je crois aussi que l’on s’apprécie, tout bêtement. C’est tellement plus agréable d’initier des nouveaux projets avec des gens qu’on aime bien !
Quel est le projet qui répond le mieux au mariage entre Cinéma et Musiques Actuelles ?
Le projet le plus évident, c’est le ciné-concert. Car dans cette forme, tout est mis en valeur à égalité : le film (qui est souvent un film très fort, voire un chef-d’œuvre) et la musique. Pour un ciné-concert réussi, aucun des deux ne doit prendre le pas sur l’autre : la musique ne doit pas « phagocyter » le film, mais si elle n’est pas assez innovante, elle n’arrivera pas à lui donner une nouvelle dimension. C’est un art difficile, mais un ciné-concert réussi reste longtemps, très longtemps dans les mémoires des spectateurs !
Comment vois-tu l'évolution de ces deux pratiques artistiques et n'en forment-elles pas qu'une ?
Nos deux pratiques ont un gros point en commun : elles font toutes deux partie des « industries culturelles ». Du coup, nous nous plaçons dans le champ artistique, mais avec un poids du « marché » assez conséquent : nous sommes beaucoup plus dans des dynamiques « commerciales » que d’autres secteurs culturels. Cette dynamique commerciale ne concerne pas forcément directement nos lieux, qui sont associatifs, mais comme elles s’appliquent à la musique et au cinéma, elles finissent forcément par avoir un impact sur nos structures. La numérisation, par exemple, a eu des effets très importants sur nos deux domaines. Pas les mêmes, mais c’est une vraie révolution qui a remis en cause nos fonctionnements : en musique, cela a bouleversé les canaux de diffusion ; au cinéma, cela a changé complètement nos méthodes de travail… Et puis les cinémas art et essai et les scènes de musiques actuelles ont un même rôle de découvreur de talents. Et sont soumis à la même cruelle loi du marché : une fois ces talents de demain découverts et mis en valeur par nos structures, ils nous échappent pour aller vers des circuits de diffusion plus commerciaux…Mais c’est la vie ! Et puis si ces artistes arrivent à toucher plus de personnes, tant mieux.
Quelle est la plus belle BO de Film, pour toi ?
La plus belle, c’est difficile à dire. Celle que je ne peux m’empêcher de chanter à tue-tête dès que je l’entends, c’est la BO de Chantons sous la pluie. Oui, c’est un « vieux film », mais qu’est-ce que c’est bon ! Et puis j’ai toujours été amoureuse de Gene Kelly. Sinon, plus proche de nous dans le temps, il y avait la BO sombre et envoûtante de Only lovers left alive, de Jim Jarmusch…Et This is England, bourré de tubes punk et ska !
Quel est le meilleur Biopic (contraction de « biographical motion picture »), pour toi ?
Un biopic de musicien, j’imagine ? Alors là…je dirais Gainsbourg, vie héroïque de Joann Sfar. Parce qu’il a su capter à la fois ce qu’il y a de vulgaire et de poétique chez Gainsbourg. Et puis je suis aussi amoureuse de Joann Sfar.