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LA PLAYLIST, TOP 4 DE THOMAS RUYANT

  • Ben Harper - Fight for your mind
  • Django Django - Default
  • Morcheeba - The Sea
  • Moriarty - Jimmy

Rencontre avec Thomas Ruyant, Skipper & navigateur dunkerquois

Par Thomas Blanquart Publié le 10/04/2017

Partir en mer seul pour faire le tour du monde en bateau, c'est le défi que s'étaient lancé le dunkerquois Thomas Ruyant et le projet "Le Souffle du Nord". Ayant dû abandonner pour une avarie causée par une collision avec un objet flottant non identifié, le navigateur n'a malheureusement pas pu aller au bout de l'aventure du "Vendée Globe". Rencontre avec un homme plus solidaire que solitaire !

On ne va pas revenir sur l'aspect sportif et le résultat de ce Vendée Globe mais plutôt voir où tu en es maintenant que la collaboration avec le projet Imagine / Le Souffle du Nord s'est terminé ?

« Le Souffle du Nord » ça restait de l'associatif, c'était déjà une grosse victoire d'être au départ du Vendée Globe avec ce type de projet. Ça m'a beaucoup apporté mais c'était prévu d'avance que ça se termine comme ça. On reste en contacts rapprochés, je reste leur premier ambassadeur mais sportivement c'est vrai que j'ai envie de rebondir sur un projet un peu plus performant.

Tes projets dans l'immédiat ?

C'est de préparer la suite, de coucher sur papier les projets, les ambitions. On discute avec des entreprises qui pourraient avoir envie de vivre une aventure comme celle là. Concrètement, je reprends le bâton de pèlerin pour essayer de monter un beau projet.

Sur ce Vendée Globe, tu avais mis en place un crowdfunding, signe que ce n'avait pas été évident de financer tout ça ?

Oui après le crowdfunding c'était aussi et surtout un moyen de monter une sorte de communauté de supporters, d'emmener un maximum de monde dans l'aventure, peu importe les moyens. C'est comme ça qu'on a eu 200 entreprises et près de 1500 particuliers qui ont suivi, c'était vraiment un gros projet collectif.

Et sans véritable sponsor visible sur la voile ?

Oui c'est ça qui était totalement décalé et atypique dans le monde du sport et du sponsoring. C'est ça qui était intéressant, c'était chouette mais en « one shot » car partir sur de tels projets c'est tout de même compliqué.

Comment as-tu vécu toutes les sollicitations depuis ton retour ?

Je viens de sortir un peu la tête de l'eau car pendant un mois et demi il y a eu beaucoup de monde ! C'est aussi ça les projets collectifs, derrière tu as beaucoup de demandes, tu rencontres du monde et humainement c'est riche. Beaucoup d'interviews, beaucoup de presse, beaucoup de temps avec les partenaires. J'ai fait aussi des tas de trucs sympas avec les nombreuses associations qui étaient dans le projet.

Cette volonté de tour du monde en solitaire, de rester seul sur un bateau pendant des semaines et des semaines, ça vient d'un ras-le-bol de ce que peut être la vie sur la terre ferme ?

Je fais du solitaire mais non, je ne suis absolument pas un solitaire dans la vie. Je ne ferais pas le carnaval sinon (rires). J'ai commencé il y a dix ans et ça a un côté grisant de se dire « si ça merde c'est de ma faute mais si ça réussit c'est moi aussi ! », de partir et faire tout tout seul ! En mer il y a des moments magiques, tu as l'impression que toutes les planètes s'alignent, que tout va dans le bon sens. Tu as mangé, tu as dormi et tu es à la barre de ton bateau, c'est pour ces instants rares que tu le fais.

Pas misanthrope alors ?

Non non ! Un projet comme ça c'est long , bien sûr on parle de la course mais avant c'est des années de préparation qui ne se font pas tout seul pour le coup. Je suis très entouré, il y a une équipe de dix personnes autour de moi ! Quand je navigue en entraînement, je ne suis quasi jamais seul et le bateau se prépare en équipe.

Quand tu es seul en mer, en dehors de tout l'aspect sportif et compétition, comment passes le temps ?

Ça dépend des courses. La solitaire du Figaro c'est trois jours, tu n'as pas le temps, tu es toujours occupé. Mais sur un Vendée globe ou une Trannsatlantique, il y a quand même des longueurs qui permettent de te déconnecter de la course et pour la tête c'est important.

On imagine facilement que tout est calculé et rationné pour partir mais comment ça se passe en terme de nourriture intellectuelle ?

Forcément ça a sa place à sa bord. Sur le Vendée Globe, j'ai maté des films, écouté de la musique, des podcasts, lu des bouquins. Sans ça, ça serait difficile de tenir. Je me tiens aussi au courant de ce qui se passe à terre, je ne me déconnecte pas complètement.

Côté musique, qu'as-tu emporté avec toi ?

Je suis pas le meilleur client mais j'avais deux potes de l'équipe bien branchés musique qui m'ont fait une énorme playlist avec plein de choses différentes. Moi j'écoute des choses un peu mainstream : Ben Harper, Django Django, Christine and The Queens mais là du coup j'ai écouté des choses totalement différentes... Pas mal de reggae entre autres. J'ai écouté beaucoup de podcast d'émissions culturelles, chose que je ne prends pas le temps de faire à terre. Je n'ai pas beaucoup lu vu que mon aventure du Vendée Globe s'est arrêtée à la moitié (rires), mais j'ai tout de même pu lire « L'appel sauvage » de Jack London.

Qu'est-ce qui te manque le plus à bord ? Il fait quoi Thomas Ruyant quand il débarque ?

Forcément tu navigues, tu as choisi d'être là, tu prends ton pied en mer, mais avec la longueur des courses c'est tes proches qui te manquent le plus. Moi, j'ai un fils qui a quatre ans et des fois oui c'est long ! Plus les courses sont longues, plus la chose que tu adores faire quand tu rentres c'est juste aller chercher ton pain et ton journal et te poser (rires).

Plutôt cocooning alors ?

Oui voilà être autour d'une table avec les potes et la famille, c'est un peu ça qui manque.

Tu habites à Lorient mais tu rappelles souvent tes origines du Nord, quel rapport à Dunkerque entretiens-tu ?

Dunkerque j'y ai grandi et j'en suis parti à 20 ans. Mais j'y retourne une bonne dizaine de fois par an. J'ai souvent des partenaires dans le Nord et j'y passe quasi la moitié de mon temps. J'en ai besoin, j'ai mes parents qui habitent toujours là, une frangine à Lille. Il y a aussi les potes qui sont toujours là, c'est super important de revenir.

C'est quoi « ton Dunkerque » ?

Il y a le Carnaval, la plage forcément, du sable plus fin il n'y en a pas ailleurs ! J'aime bien boire des coups en citadelle ou sur la digue. Et quand j'étais un peu plus jeune, je venais voir des concerts aux 4Ecluses ! Je me souviens par exemple d'avoir vu FACT, un groupe du coin, et c'était chouette. Ça fait longtemps, il faut absolument que je revienne ! Et puis le projet de la salle s'est bien étoffé, ce n'est pas juste des concerts, et ça c'est cool.

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