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Monolithes, en résidence sur le littoral...

Par Aurore Dupont Publié le 12/06/2016

Les musiciens du groupe Monolithes nous racontent leur semaine de résidence aux 4Ecluses et leur participation au projet JMACO, Jazz et Musiques Actuelles Côte d'Opale.

JMACO, Jazz et Musiques Actuelles en Côte d'Opale, est le projet qui réunit les 4Ecluses et le Jazz-Club de Dunkerque, la Communauté d'Agglomération du Boulonnais organisatrice du festival le Poulpaphone et Rock en Stock qui organise le festival du même nom à Etaples ainsi que plusieurs événements tout au long de l'année sur le Montreuillois. L'ambition de ce travail collaboratif est de contribuer à la diffusion du jazz et des musiques actuelles sur tout le territoire de la Côte d'Opale. Après une phase d'expérimentation sur le premier semestre 2015, les quatre partenaires ont engagé la deuxième phase de leur collaboration sur le premier semestre 2016.

Cette année, la programmation s'est articulée autour de deux résidences d'artistes sur l'ensemble du territoire. Jérôme Lelard trio est une formation jazz régionale déjà accompagnée par le Jazz-Club. Le trio a été soutenu suite à la sortie de leur album. Plusieurs concerts ont été organisés afin de le promouvoir ainsi que des rencontres avec des scolaires, des lycéens et des élèves d'écoles de musique.

Monolithes est un groupe nantais, notamment accompagné par le le club Pannonica de Nantes. Les inviter c'était ainsi articuler le projet JMACO avec d'autres initiatives en France de soutien à l'émergence d'artistes de jazz. Les quatre musiciens ont passé une semaine à Boulogne-sur-mer au conservatoire et une semaine à Dunkerque aux 4Ecluses.

Entre rencontres, concerts et répétitions, ils reviennent sur cette expérience :

« Nous sommes Monolithes, un quartet créé à Nantes en novembre 2013. L'idée de base était de faire se rencontrer les timbres du vibraphone et de la guitare électrique autour d'une musique plutôt sombre et foncièrement électrique, mais avec un esprit organique, enracinée dans l'idée que nous nous faisons du jazz d'aujourd'hui. Nous voulions pouvoir y retrouver des éléments d'univers musicaux qui nous sont chers, le metal, le progressif, la musique de jeux vidéos, qu'on puisse y jouer des choses énervées, un peu virtuoses, mais aussi des choses simples, douces, libres. Et surtout qu'on puisse faire une place là dedans à la spontanéité, à l'improvisation, à l'écoute et à l'interaction pour que chaque version d'un morceau soit unique, malgré une écriture assez précise. Le but étant que le tout soit au service d'une musique évocatrice, capable de créer des images, de projeter un vrai film à l'intérieur de nos têtes et de celles de nos auditeurs...

Grâce au dispositif mis en place par JMACO, on a tout d'abord pu répéter et travailler sur notre répertoire dans des conditions techniques idéales. Notre groupe est éclaté entre Nantes et Calais, donc ce n'est pas toujours facile de se retrouver pour bosser, alors avoir un lieu où on peut laisser le matériel pendant une semaine et venir travailler tous les jours comme on le souhaite c'est juste luxueux. A Dunkerque et à Boulogne-sur-Mer, on a donc pu travailler sur de la création pure, de la composition, mais pas que. Aux 4Ecluses, on a pu profiter du matériel du studio pour façonner le son du groupe, en enregistrant chaque passage et trouver comment le faire sonner au mieux avec diverses solutions. Jouer en groupe c'est cool, mais souvent on a trop la tête dans le guidon de son instrument ou de l'exécution pour entendre comment sonne le collectif. Et comme Monolithes c'est une entité et non un assemblage d'individus, le travail de pré-production est indispensable !

On a également pu goûter à quelque chose d'assez répandu chez les groupes professionnels en dehors des concerts publics, à savoir l'action culturelle. On a ainsi joué devant des collégiens à Hucqueliers, des élèves d'écoles primaires à Boulogne-sur-Mer, en maison d'arrêt, dans un hôpital...Et c'était une très belle expérience. On découvre d'autres façons de présenter, de décortiquer, d'expliquer notre musique, et on se rend compte que malgré sa complexité, elle parle souvent aux gens. Il suffit de la leur proposer, de leur dire qu'ils peuvent en faire ce qu'ils veulent, leur demander ce qu'ils ressentent, imaginent en nous écoutant, et ça crée un autre lien qui évite complètement les questions de "musique intellectuelle" ou de "musique pour musiciens". C'est très positif, et ça permet de montrer qu'il existe plein de manières différentes de faire de la musique et c'est très bien comme ça. 

En tous les cas, l'apport de l'ensemble du dispositif est assez inestimable de tout point de vue. C'est vraiment géant pour les groupes, car ça leur donne un cadre de travail confortable, ce qui est assez rare dans le milieu musical en ce moment. Ça leur permet de présenter leur musique dans des cadres variés, de travailler un peu sur leur pédagogie, ce qui n'est jamais un mal non plus - et le public, parfois éloigné, a la possibilité de rencontrer ces groupes et de comprendre ce que peut être la vie de musicien, le rapport au monde et à la création. Ce sont des sujets qui sont complètement laissés à l'abandon par le système dans lequel on vit qui est fait d'efficacité, de rentabilité et de recherche absolue d'utilité matérielle. Pouvoir discuter, échanger autour de tout ça nous semble indispensable. »

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