Aller au contenu principal

Date(s) de l'exposition :
11.06.2022 — 31.12.2022

Types :
Exposition, Famille, Jeune public, Rencontre, Visite

Tout public

Plus d'infos sur l'exposition et la programmation du FRAC: https://www.fracgrandlarge-hdf.fr/agenda/

Découvrez l'exposition de Delphine Reist à travers la playlist des 4Ecluses

Publié le 16/08/2022

Pour accompagner l’exposition VRAC MULTIVRAC de Delphine Reist, Benjamin Mialot, programmateur des 4Écluses, vous propose une playlist réalisée comme une bande-originale faisant écho aux œuvres de l’artiste.

Profitez de ce parcours immersif inédit lors de nocturnes musicales : les Scanner Party !

Samedi 15 octobre, 18h – 19h
Samedi 5 novembre, 18h – 19h dans le cadre de la visite "Vivre le Port"
Samedi 26 novembre, 18h – 19h avec un temps fort autour du Centre Culturel Suisse
Samedi 3 décembre, 18h – 19h dans le cadre de la visite "Vivre le Port"

 

 


SCANNER (Halle AP2 – l’installation s’active toutes les 30 minutes)
Scanner – The Canonization (2021)

 

 

À l’instar de Delphine Reist, le musicien britannique Scanner s’est fait connaître en détournant des objets du quotidien de leur usage premier pour mieux injecter dans ses compositions une forme de romantisme désolé. En l’occurrence, des scanners de radiocommunications, utilisés pour pirater des conversations qui, une fois stratifiées dans ses morceaux, donnaient à entendre les recoins de la vie urbaine.

Avec SCANNER, l’œuvre, Delphine Reist transforme un pont roulant en outil de bureautique géant dont la mise en route, d’une inéluctabilité et d’une luminosité quasi mystiques, évoquent autant un assaut contre l’individualité qu’un signe des Cieux. L’écoute simultanée de The Canonization, ouverture de l’une des œuvres les plus récentes de ce stakhanoviste de l’ambient (40 ans de carrière, presque autant d’albums), devrait en redoubler l’effet.

 

COLLIER (Parvis du Frac)
Pneu – Highway to Health (2011)

 

 

 

 

Est-ce un accident de la circulation à l’issue incongrûment élégante ou l’œuvre d’un manifestant fantasque ? Toujours est-il que ces pneus cousus et laqués redonnent une forme de noblesse à un objet dont la disgrâce n’a d’égale que sa nocivité environnementale. Mettre de la fantaisie dans le fruste, c’est aussi le projet de Pneu, bruyant duo tourangeau qui repousse les limites d’audibilité du rock instrumental avec une inventivité rythmique, mélodique et calembourgeoise de tous les instants.

 

TAXIDERMIE (Rez-de-chaussée)
Cro-Mags – Death Camps (1989)

 

C’est peut-être l’une des pièces les plus fortes de l’exposition de Delphine Reist : deux pieds de veau enchaînés qui, battant une cadence funeste, disent toute la cruauté et le décervelage de l’abattage industriel. Nombre de musiciens et musiciennes ont défendu en chansons les droits des animaux mais, évidemment, personne ne l’a fait avec autant de virulence que les groupes de punk hardcore. Ainsi des New-Yorkais de Cro-Mags, légendes du genre, dont le deuxième album s’ouvrait sur ce titre pour le moins explicite.

 

CHAÎNE DE PRODUCTION (Rue intérieure)
Bruit noir – L’usine (2015)

 

 

Figure trop méconnue du rock francophone (principalement à la tête de Mendelson), Pascal Bouaziz s’est associé en 2020 à Michel Cloup (ex-Diabologum, autre monument national du parlé-chanté électrique) pour mettre en musique À la ligne, le terrassant premier roman de l’ex-désosseur Joseph Ponthus. Mais ce n’était pas là sa première tentative de dire le déclin de la condition ouvrière : au sein de Bruit Noir, cet incomparable parolier signait un brûlot tout en achoppements industriels et en répétitions exténuées. Il s’intitule tout simplement L’usine, et il aurait tout aussi bien pu accompagner l’œuvre précédente – on aurait même pu se contenter de piocher dans son répertoire, hautement misanthrope, anticapitaliste et néanmoins poétique, pour illustrer toute l’exposition de Delphine Reist.

 

HUILES (4e étage / Salle 1)
Johnny Cash – Don’t Go Near the Water (1974)

 

 

Dès la fin des années 70, l’icône crépusculaire de l’americana se méfiait du contenu des barils et alertait sur les conséquences environnementales de leurs vidages plus ou moins volontaires. « Don’t go near the water children / See the fish all dead upon the shore / Don’t go near the water / ‘Cause the water isn’t water anymore ». A-t-on vraiment besoin de traduire ? Si le minimalisme pastoral de sa musique et le grain d’outre-tombe de sa voix ne vous siéent pas, notez que les Beach Boys ont eux aussi à leur actif une chanson sur ce thème. Elle porte le même titre et n’est pas moins ludique, à l’image de l’installation de Delphine Reist.

 

CARTOUCHES (4e étage / Salle 1)
The B52’s – Legal Tender (1983)

 

 

L’évidence aurait voulu qu’on brode sur la ressemblance entre cette fuite d’encre et une tâche d’essence, jusqu’à extraire de notre discothèque une énième chanson lourde de contestation. On a préféré prendre la tangente et célébrer la libération créative permise par l’invention de l’imprimante. Combien de fanzines, d’affiches de concerts ou de pochettes de disques homemade ces machines ont-elles craché ? Combien d’activistes ont pu, grâce à elles, quitter la confidentialité de leur chambre pour accéder au glorieux inconfort de la marge  ? Bon, dans Legal Tender, les B 52’s, pionniers de la new wave, se vantent d’imprimer des faux billets, et c’est en définitive une façon comme une autre de combattre l’économie de marché – d’autant que ce n’est sans doute pas un hasard si l’œuvre de Delphine Reist est une autocopie. Mais vous voyez l’idée.

 

Étagères (4e étage / Salle 2)
Einstürzende Neubauten – Steh Auf Berlin (1981)

 

 

Des outils de chantier qui s’animent par intermittence, produisant une symphonie industrielle aussi fascinante que désagréable. Difficile, à la vision de cette œuvre, de ne pas penser au groupe allemand Einstürzende Neubauten (à vos souhaits). Scies circulaires, plaques de tôle, marteaux-piqueurs, tubes métalliques ou perceuses, ces vétérans de la musique industrielle ont dès leurs débuts fait un usage intensif de matériaux et d’objets a priori cacophoniques, poussant le vice jusqu’à s’enregistrer dans des châteaux d’eau ou des conduites de ventilation. Attention : le morceau choisi ici est extrait du deuxième album du groupe, Kollaps (« effondrement »), conçu à l’époque pour être le plus inaudible possible.

 

WADERS (4e étage / Salle 2)
Michel Cloup Duo – La Classe ouvrière s’est enfuie (2016)

 

 

On ne pouvait pas se contenter d’évoquer Michel Cloup, il fallait lui trouver une place dans cette playlist. Car bien que plus immédiate que celle de son comparse Pascal Bouaziz, sa musique n’en reste pas moins traversée par les mêmes saines colères et le même spleen chronique. Ce sera en miroir de cette paire de bottes comme abandonnées par leurs propriétaires.

 

ÉLÉVATIONS (4e étage / Salle 3)
Hylu & Jago feat. Kosher – Pressure (2018)

 

 

Ainsi plaquées au mur tels des négatifs photographiques, les cagettes empilées par Delphine Reist ressemblent à ces pyramides d’enceintes et d’amplificateurs qui font la spécificité de la (contre-)culture soundsystem – apparue en Jamaïque avec le dub à la fin des années 40, exportée en Angleterre et démocratisée par l’apparition de la techno et des rave parties, pour faire vite. Plutôt que de faire plouf plouf parmi les nombreux artistes qui en ont marqué l’histoire, nous avons choisi de mettre en lumière l’un des collectifs qui perpétuent avec le plus de talent cette tradition de bricolage et d’anticonformisme, à savoir Unit 137, basé dans le sud de Londres. Le morceau s’appelle Pressure, comme la pression acoustique qu’envoient ces installations – on dit que les basses ne sont pas assez fortes si elles ne font pas régurgiter les premiers rangs, à bon entendeur

 

TESSON (4e étage / Salle 3)
Pete Seeger – The Titanic (1999)

 

 

 

Des bouteilles éclatées au mur comme autant de vestiges de triomphaux baptêmes de navires. Cette drôle de manie de sacrifier un bon breuvage au moment de braver la mer viendrait d’une superstition, résumée par ce proverbe anglais : « un navire qui n’a pas goûté au vin goûtera au sang ». Les esprits les moins rationnels assurent d’ailleurs que c’est parce qu’il n’avait pas été proprement honoré que le Titanic a sombré. L’occasion de signaler que, bien avant l’inusable (et néanmoins usante) scie de Céline Dion, une chanson pour enfants revenait sur ce tragique événement. Composée à l’aube de la Première Guerre mondiale, elle a été reprise par quantité de songwriters américains, dont l’immense Pete Seeger – au banjo, cela va sans dire. En tout cas, en en sacrifiant une vingtaine, Delphine Reist a joué la sécurité pour son vernissage.

 

ROTATION (4e étage / Salle 3)
Cursive – Dorothy at Forty (2006)

 

 

 

À la découverte de cette œuvre, réflexe pavlovien oblige, ce sont des vinyles qui nous sont apparus sous les roues de ces chaises de bureau. À la réflexion, ces sillons seraient plutôt ceux tracés par des travailleurs qui, rongés par l’ennui, tournent en rond sur leurs séants. Vie professionnelle morose + musique = plein de choses, mais surtout cette chanson du groupe de rock indépendant américain Cursive, injonction à briser sa routine adressée à une quadra qui a abandonné ses rêves pour une vie rangée avec boulot respectable et maisonnette à clôture – creusant sous le vernis d’une petite ville bourgeoise et bigote pour en mettre à jour les travers, Happy Hollow, le concept-album dont elle est extraite, est à l’avenant : magistral.

 

FLOTTANT (4e étage / Salle 4)
The Black Angels – Phosphene Dream (2010)

 

 

 

Sont-ce des bijoux ? Des accessoires sado-masochistes ? Des attrape-rêves ? Non, juste de bêtes chaînes de pneu immortalisées par un procédé photographique ancestral – puisque se passant d’appareil photo, justement. Bon, pour maintenir l’intérêt de cette sélection, on va quand même partir sur les attrape-rêves (hey non, pas le SM), et on se dit que ceux-ci doivent capter des songes pour le moins particuliers. Par exemple les rêves de phosphènes (ces tâches colorées et/ou lumineuses induites par la persistance rétinienne ou, dans le pire des cas, par un décollement de la rétine) du groupe de rock psychédélique The Black Angels.

 

PEINTURE V (4e étage / Salle 5)
The Coup – 5 Millions Ways to Kill a CEO (2001)

 

 

Les prolos sont (encore) partis, ils ont tout laissé en plan, leurs rouleaux terminant vaguement le travail avec l’appui de la gravité. On se plaît à imaginer qu’ils sont allés brandir d’autres manches, ceux de pancartes dénonçant les privilèges du patronat. L’occasion de faire découvrir l’un des rares morceaux de rap prônant la solidarité avec la classe besogneuse – usuellement, le folklore hip-hop prône plutôt l’enrichissement au détriment des concurrents. On le doit aux californiens de The Coup, ouvertement communistes et très inspirés par le black nationalism de Public Enemy. Autant dire que, bien que funky et sophistiqué (une constante chez ces doyens), le titre en question n’est pas tendre avec les PDG.

 

AVERSE (4e étage / Salle 6)
Meat Wave – No Light (2017)

 

 

 

Ça ressemble à la fin du monde moderne : un plan fixe sur une pièce grisâtre et couvertes de néons, qui explosent au sol les uns après les autres, jusqu’au règne de l’obscurité. Si on s’étonne que personne n’ait eu l’idée de sampler le fracas inimitable de ces lampes tubulaires, les chansons sur l’extinction des feux, la tombée de la nuit ou la voracité des ténèbres ne manquent pas. On vous laisse avec l’une de nos préférées. Elle s’appelle tout simplement No Light, et on la doit à Meat Wave, formidable trio noise-punk originaire de Chicago.

Partager