Retour sur le projet de l'AERO EASY TOUR...
" Oh, it's such a perfect day, I'm glad I spent it with you" ♪
21 septembre 2016 aux 4Ecluses, il est 10h du matin et le lieu de musiques actuelles est en effervescence pour accueillir les équipes artistiques et les participants de l'AERO EASY TOUR.
La salle de concert, les studios de répétition et d'enregistrement sont réquisitionnés. C'est presque 40 personnes au total qui s'activent pour faire de cette journée, une journée de création musicale et de rencontres. Pour couronner le tout, le soleil de l'été indien dunkerquois est de la partie... Une journée comme on les aime aux 4Ecluses !
L’AERO EASY TOUR s’était arrêté deux ans plus tôt aux 4Ecluses. La feuille de route reste la même pour cette rentrée 2016 : provoquer des temps de rencontres entre des groupes de musiques actuelles et des personnes fréquentant des établissements spécialisés (instituts médico-éducatif, maisons d'accueil spécialisées pour personnes handicapées...) du département. Dans ce cadre, des temps de création et d’enregistrement sont organisés et se traduisent par la réalisation de morceaux inédits inspirés du répertoire d’un artiste. Sur cette édition, c’est la discographie de Philippe Katerine, délirante et foisonnante, qui donne le tempo !
Cette année, c'est le Service d'Accueil de Jour de Grande-Synthe et l'IME Vancauwenberghe de Zuydcoote qui œuvrent avec le groupe lillois OLD ROYAL et les rockeurs dunkerquois de KILL ME THIS MONDAY. Pour mieux comprendre l'origine et les enjeux de cette initiative, nous vous proposons une rencontre croisée avec les participants de ce beau projet...
MARCUS CARBON - Coordinateur du projet Aero Easy Tour (Aéronef – Lille)
Pouvez-vous vous présenter et nous dire quelle est votre place dans le projet AERO EASY TOUR ?
Je suis secrétaire général de l'Aéronef depuis deux ans maintenant et le projet Aero Easy Tour a commencé un an avant que je n'arrive dans l'équipe. À l'époque c'est un projet que j'avais proposé à l'équipe de l'action culturelle de l'Aéronef en tant qu'artiste et ergothérapeute. On avait développé ce projet avec Mathias avec qui je travaillais au Passage à Wasquehal, un Institut d'Education Motrice, on faisait ça dans notre centre et on avait proposé à l'Aéronef de pouvoir développer ce concept sur l'ensemble de la région. Ils ont mis ça en place et au début ça s'appelait l'Aero Easy Cure car la première année était consacrée au répetoire de The Cure. Le principe est super simple : un mois = un groupe régional + un centre d'accueil de personnes en situation de handicap + une reprise d'un artiste de renommée internationale.
La première année donc, nous nous sommes attaqués au répertoire de The Cure. Ça s'est fait sur à peu près 10 mois d'exploitation de la salle. À la fin de l'année on a un album de 10 titres mixés, masterisés, filmés, mis en ligne et tout ça gratuitement.
Chaque année un album de 10 titres, c'est la 3ème année cette année. La première année, c'était The Cure, la deuxième année Matthieu Chedid et cette année c'est Philippe Katerine. On s'est rendu compte au bout de la deuxième année que choisir dans le répertoire d'un artiste francophone était plus facile et accessible aux personnes en situation de handicap.
Qui soutient l'AERO EASY TOUR ?
C'est une action qui a toujours été soutenue par le département du Nord. Et depuis cette année, nous avons un mécène, le groupe Alive, qui nous founit en matériel technique. C'est la première fois que nous avons un partenaire privé et nous en sommes ravis.
Comment se fait le choix des participants de l'AERO EASY TOUR ?
La première année, Mathias et moi sommes allés solliciter les centres que nous connaissions en tant que professionnels du milieu paramédical. Ça a fait vite du bruit et aujourd'hui beaucoup de centres viennent postuler spontan_ément à l'Aéronef. L'avantage, c'est que ça ne coûte rien aux centres et que cela permet aux jeunes et moins jeunes qui sont accueillis dans ces centres d'accueillir un groupe de musique ou de se déplacer dans une salle de concert comme les 4Ecluses.
Qu'en est-il du choix des groupes de musique que vous associez au projet ?
Un groupe toulousain pourrait très bien participer mais je ne vois pas vraiment l'intérêt. On ne dirait pas forcément non mais l'avantage, c'est aussi de donner une actualité supplémentaire à un groupe de musique qui va pouvoir montrer des choses différentes qu'il a pu faire sur l'année en participant à une action culturelle comme celle de l'AERO EASY TOUR. Ça fait parler du groupe et tous les groupes ont besoin de ça. Les groupes qui ont envie de participer à ce type d'initiative le font ni pour l'argent, ni pour la gloire. C'est pour le moment de la rencontre et il se passe toujours quelque chose de magique ! On prend une journée complète pour enregistrer, on mange ensemble, c'est vraiment une rencontre et ça se passe bien. Il y a des groupes qui ensuite se disent spontanément qu'ils ont vraiment adoré ce type d'aventure et qui invitent le centre à leur prochain concert. Il y a un lien qui se crée.
L'AERO EASY TOUR donne-t-il un autre regard sur le handicap et sur l'utilité de la musique ?
Oui et c'est surtout que ça lisse un peu le côté assez élitiste du musicien. En gros le message c'est de dire qu'il y a moyen de créer quelque chose même si tu n'es pas musicien et que tu ne sors pas du conservatoire. Même si tu n’as jamais chanté, tu peux chanter quand même.
L'AERO EASY TOUR aux 4Ecluses, comment ça se passe ?
Pour moi c'est cool ! J'arrive au vert, il y a un canal à côté, la salle est bien, elle est à taille humaine, l'accueil est toujours bien, on est tranquille, il y a moyen de faire du son et il y a une chouette équipe. Je suis déjà venu jouer ici en tant que musicien et il n'y a pas mieux que de jouer aux 4_! C'est une superbe salle qui soutient aussi des initiatives comme celle de l'AERO EASY TOUR. Là, on a pu utiliser à la fois la salle de concert, les nouvelles salles de répétition et le studio d'enregistrement. Les 4Ecluses, c'est un superbe outil !
CHRISTOPHE DECOOPMAN - Éducateur (Institut d'Education Motrice – Zuydcoote)
Quelle est votre relation avec la salle des 4Ecluses ?
J'ai eu le plaisir de collaborer avec les 4Ecluses à plusieurs reprises. Je peux citer le projet “Barbatuques”, une création musicale collective basée sur des percussions corporelles, les concerts éducatifs et pédagogiques organisés par la salle comme le spectacle “Peace & Lobe” qui parle de l'histoire de la musique et de la sensibilisation autour des risques auditifs, la Fête de l’Îlot, le concert du groupe Monolithes à la chapelle de l'Hôpital Maritime de Zuydcoote... Le contact avec l'équipe des 4Ecluses s'est d'abord fait avec Virginie, la chargée d'action culturelle, dans le cadre du projet “Barbatuques”. Plus tard est venue la rencontre _avec Marco qui lui gère les salles de répétition et d'enregistrement. Ça s'est fait en 2015 pour la kermesse que nous avions organisé à l'IEM. C'était super intéressant et Marco s'est rendu super disponible. À chaque fois, le contact s'est fait dans la convivialité et le professionnalisme. Toutes les actions menées dans le cadre de notre échange autour du handicap sont carrées, claires, précises. C'est toujours un plaisir de travailler avec les 4Ecluses.
Quel regard portez-vous sur le projet de l'AERO EASY TOUR ?
Un regard culturel d'abord mais aussi l'échange avec les musiciens. Je vois que les gamins sont super biens avec eux. L'échange avec d'autres centres aussi, comme ceux présents ce matin dont je connaissais le nom mais pas les résidents. C'est aussi toujours intéressant de rencontrer d'autres éducateurs qui se motivent pour emmener des gamins vers la culture et l'échange musical.
Quelles sont vos attentes sur ce projet en tant qu'éducateur ?
Une approche originale de musicothérapie. L'apport thérapeutique se fait au niveau de l'écoute, du travail collectif, du respect des règles parce qu'en musique, il y a des règles et quand les participants écoutent de la musique et prêtent attention à ces règles, ils les retranscrivent dans leur vie de tous les jours. Ils peuvent s'aider de la rythmique. Les personnes que nous suivont peuvent rythmer leur journée en écoutant telle musique à tel moment. Celle-ci devient un repère temporel. Les participants doivent aussi se concentrer pour lire un texte ou apprendre une chanson, il faut qu'ils répètent et ça, c'est très important pour des enfants qui ont des temps de mémorisation très courts ou pas du tout de mémorisation et à qui cela demande un effort important. La musique peut les aider à travailler cette mémoire et développer leur concentration.
FAISAL - Participant à la journée AERO EASY TOUR (Institut d'Education Motrice – Zuydcoote)
Pourriez-vous nous raconter votre expérience de l'AERO EASY TOUR ?
Nous avons écouté de la musique et des morceaux de Philippe Katerine pour ensuite réinterpréter et chanter un titre. Nous sommes partis sur le morceau "Je vous emmerde" que nous avons retravailler avec le groupe KILL ME THIS MONDAY. C'était super génial. Ça m'a plu !
C'est la première fois que tu vis ça ?
Non, la deuxième fois parce que j'ai déjà enregistré aux 4Ecluses pour la fête de la musique de l'institut.
Tu connaissais Philippe Katerine ?
Pas du tout ! Mais j'adore son univers. J'écoute plus du rap, du hip hop et de temps à temps un peu de rock aussi. Mais j'ai bien envie de me plonger dans la discographie de Philippe Katerine.
Un mot sur les 4Ecluses ?
« Musique » bien sûr !
THOMAS - Guitariste et membre du groupe KILL ME THIS MONDAY (Musicien associé à la journée AERO EASY TOUR)
Comment définissez-vous votre contribution au projet de l’AERO EASY TOUR ?
Les 4Ecluses nous ont contactées pour participer au projet en tant que groupe de musique et intervenir auprès des participants afin de travailler sur une reprise d'un morceau de Philippe Katerine. C'était une expérience unique pour nous car nous n'étions jamais intervenus auprès de personnes en situation de handicap_.
Pourquoi avoir accepté d’y participer ?
Pour le défi, parce que Philippe Katerine ce n’est pas du tout notre musique et notre registre. Ça nous a forcé à travailler autrement et avec un autre public, c’était bon à prendre et super intéressant !
Comment est-ce que vous avez préparé votre intervention après des participants ?
Pour les participants en eux même on n’a rien préparé de particulier. Je pense que ce n’est pas parce que l’on joue avec des personnes en situation de handicap que l’on doit modifier notre façon de faire ou d’être. On a juste travaillé les morceaux comme on ferait dans une autre situation. Par contre on est vraiment à la disposition des participants. On veut faire en sorte qu’ils en gardent un bon souvenir.
Qu’est-ce que vous en avez retiré ?
Beaucoup de plaisir_! Nous avons passé une excellente journée. Tout le monde avait le sourire et nous sommes satisfaits du morceau que nous avons enregistré tous ensemble.