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Fragile-les-bulles

Vu de l'intérieur

Par Elodie FLB Publié le 14/12/2016

Non, « Fragile-les-bulles » n’est pas une station balnéaire du littoral mais un réseau actif et mouvant de militants culturels qui propose des temps d'échanges hebdomadaires avec les enfants et les parents du centre d’accueil de la Linière à Grande-Synthe. Allons voir d’un peu plus près…

Fin 2015, le camp du Basroch à Grande-synthe s’intensifie sur un terrain minuscule, boueux et à peine boisé. Des enfants y vivent et à l’époque, des bénévoles avaient construit une petite cabane de fortune pour les accueillir. En hiver, un bâtiment très précaire en bois avec plein de fuites et juste un poêle pour se chauffer. C’était un espace dédié aux enfants. « Fragile-les-bulles », à l’époque « Art in the camp », avait rencontré Zoé, une des responsables du lieu pour comprendre ce qui s’y passait et comment construire les premières propositions d’interventions artistiques. Zoé avait expliqué son rôle dans l’organisation des journées et la protection du lieu avec Lydia, une bénévole anglaise. Un cadre pour les enfants, un espace calme, tranquille et avec des règles. La moyenne d’âge était de 8-9 ans, certains enfants parlaient anglais. Pas mal venaient en fratrie et dès le début , il y avait entre 15 et 30 gamins tous les jours, pas toujours les mêmes et jamais tous en même temps. Le rythme quotidien restait assez irrégulier et il fallait instaurer une relation de confiance avec des bénévoles devant assurer une permanence régulière toute la journée. Il fallait donc donner des repères dans ce chaos, connaître des cycles, continuer d’apprendre à lire, écrire et compter et surtout garder ou réapprendre une vie d’enfant ! Oublier cette vie de survie. “La cabane” était là aussi pour soutenir les parents soulagés une partie du temps, parfois, très fatigués et déprimés et cela avait, évidemment, des impacts sur les enfants. Tâtonnant, « Art in the Camp » avait donc commencé par proposer des premières activités autour de l’illustration et de la musique. Des coloriages, dessins, et des jeux de rythme. Il fallait comprendre quoi proposer, s’adapter aux journées et aux enfants, prendre en considération leurs histoires et toutes les émotions qui s’exprimaient dans ce contexte précaire et dramatique.

À donc commencé à s’organiser et se structurer le collectif. Il fallait travailler avec les bénévoles sur place, comprendre le contexte social et culturel du camp, s’organiser avec des traducteurs, lancer un appel et coordonner un réseau d’intervenants. Parallèlement et début 2016, MSF, tel Zorro décide de construire un camp aux normes internationales. Mais les shelters installés ne possèdent ni eau ni électricité et lorsqu’on s’étend, à l’intérieur, pour dormir on ne peut plus bouger. Les lieux collectifs restent fondamentaux pour se retrouver et surtout jouer, pour les enfants. Se mettent en place, deux espaces principaux dédiés aux enfants et animés par les bénévoles de deux associations anglaises. Les joyeux tatamis contrastent avec la grisaille des sols caillouteux du camp.  Il s’agit des relais de la cabane de Zoé et Lydia et un peu plus loin le « Women center » accueille les mamans et les enfants. Ce sont les principaux points de chute de « Fragile-les-bulles » aujourd’hui. Tout l’été, « Fragile-les-bulles » a continué d’accompagner des intervenants et diffusé l’appel à contribution autour de réseaux artistiques européens pour des ateliers de création collective plutôt par sessions courtes ou des petits rendez-vous culturels adaptés : projections, concerts, spectacles... Les propositions continuent d’affluer. Aujourd’hui, le collectif est composé de six coordonnatrices permanentes faisant le lien avec des artistes, collectivités territoriales, institutions culturelles et photoreporters. Elles s'assurent notamment que les propositions artistiques sont adaptées, que le cadre d'intervention soit préparé au mieux et co-gèrent avec ces derniers le planning des interventions. Une cellule documente doucement la délicate situation et renseigne sur les dynamiques bénévoles, au travers de portraits et de témoignages.

Autant de façons de valoriser dans une dimension sensible, des échanges, des récits et de favoriser des pratiques artistiques. C’est un réseau que peuvent rejoindre des artistes venant de partout, à titre anonyme, sous la forme d’ateliers ponctuels. Les actions de « Fragile-les-bulles » sont entièrement fondées sur le bénévolat. Le projet a été validé par la ville de Grande-Synthe en mai 2016.

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