Depuis 2007, la Culture est entrée à la Maison d’Arrêt de Dunkerque, par la grande porte et avec tous les acteurs culturels de la ville de Dunkerque. Une nouvelle étape vient d’être franchie.
Il y a un grand bâtiment dans le centre ville de Dunkerque, coincé entre des immeubles, des écoles et un collège. C’est un lieu de vie à part entière, s’y trouvent des hommes pour un séjour plutôt court en général. Ils sont en Maison d’Arrêt. Les journées de ces hommes s’égrainent autour d’un quotidien répétitif et rigoureux, parfois les notions de temps en sont perdues. Ils ont la possibilité de continuer ou reprendre leurs études dans la salle de classe, de faire des formations, d’être affecté à la distribution ou confection des repas, de tenir la bibliothèque, d’aller faire du sport. Mais tous attendent les parloirs. La bouffée d’oxygène. Les proches viennent prendre des nouvelles et surtout en donner de l’extérieur.
ll y a dix ans, la Culture entre dans la Maison d’Arrêt. Grâce aux livres, au théâtre, à la photo, à la musique et beaucoup d’autres formes d’expressions artistiques, nous amenons un petit bout du monde de dehors à l’intérieur. Ce n’est pas simple de monter un projet en prison. C’est lourd d’un point de vue administratif et on comprend pourquoi. C’est compliqué d’un point de vue organisationnel car beaucoup de choses s’enchaînent en cascade dès que l’on chamboule l’ordre des tâches quotidiennes. Et malgré tout cela, nous arrivons à monter des projets sensationnels grâce à la bonne volonté de tout le personnel de la Maison d’Arrêt. Les acteurs culturels voulaient donner un vrai coup de projecteur sur toutes ces initiatives isolées. Et l’idée d’organiser un festival a fait doucement son petit bonhomme de chemin. En septembre, nous sommes arrivés à trois : Les 4Ecluses, Le Château Coquelle et Le Bateau Feu. Quelques réunions de travail ont été nécessaires, bien sûr pour tout mettre en place, et surtout pour trouver une forme de cohérence à cet OVNI. La thématique allait être : la Rencontre, le titre du festival : “Nice to Meet You”, l’objectif : se parler et parler de soi, les moyens : de nouveaux outils d’expressions. C’est donc trois artistes qui se sont succédés durant trois semaines avec des pratiques artistiques toutes très différentes et cependant complémentaires. Abraham Diallo, membre du groupe Unno a proposé pendant trois jours une découverte du beat boxing, beat making et de l’écriture. Puis c’est Anne Boutin Pied qui a proposé aux détenus de se raconter et rencontrer avec un atelier conte et musique. Enfin, Thomas Baelde a poussé les limites du jeu théâtral pour faire jaillir une émotion palpable chez les participants. Ce festival sera reconduit avec d’autres acteurs culturels de Dunkerque, peut être avec une autre thématique. Mais l’objectif sera toujours le même : partager des moments d’humanité.
